Stéréotypes de genre et promotions des chercheurs au CNRS
Une étude montre que les stéréotypes de genre ont une influence sur les décisions de promotion des chercheurs au CNRS
Des chercheurs en psychologie du CNRS ont travaillé sur les concours de recrutement de directeurs et directrices de recherche pour déterminer le poids des stéréotypes implicites des évaluateurs sur la part de femmes recrutées.
L’étude est parue le 26 août 2019 dans la revue Nature (1), elle montre que ces biais ont un impact sur les décisions prises dans la promotion des chargés de recherche aux postes de DR.
“Cette étude montre que, de la physique des particules aux sciences sociales, les scientifiques, hommes et femmes, associent pour la plupart ‘science’ et ‘masculin’ dans leur mémoire sémantique (la mémoire des concepts et des mots)”, explique le CNRS dans un communiqué sur l’étude. Ce stéréotype est implicite, c’est-à-dire que, le plus souvent, il n’est pas détectable au niveau du discours et les individus qui en sont porteurs en ignorent même l’existence.
Ce stéréotype, équivalent à celui observé dans la population générale, a-t-il pour autant des conséquences sur les décisions prises par les jurys ? “Oui, pour les jurys qui nient ou minimisent l’existence de biais en défaveur des femmes : c’est ici le cas d’un jury sur deux environ”, reprend le CNRS. “Dans ces jurys, plus les stéréotypes implicites sont forts, moins les femmes sont promues. En revanche, lorsque les jurys admettent la possibilité d’un biais, les stéréotypes implicites, quelle que soit leur force, n’ont plus aucune influence.”
(1) Committees with implicit biases promote fewer women when they do not believe gender bias exists, Isabelle Régner, Catherine Thinus-Blanc, Agnès Netter, Toni Schmader et Pascal Huguet. Nature Human Behaviour, 26 août 2019. DOI : 10.1038/s41562-019-0686-3