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Interactions Eau-Roche dans les Conditions Primitives de Mars: Confrontation des Modèles et Expériences avec les Observations des Missions MSL et Mars 2020
20 novembre 2024 @ 14h00 – 17h00
Soutenance de thèse de Matteo LOCHE (Salle de Conférence IRAP)
Résumé : L’exploration de Mars est une aventure scientifique majeure visant à comprendre les origines de la vie et des planètes. Contrairement à la Terre, Mars a conservé une surface beaucoup plus ancienne, offrant une fenêtre unique sur l’histoire planétaire. L’exploration de Mars a révélé de nombreuses preuves d’activité hydrique, sculptant des vallées et transformant les roches en minéraux secondaires, indices des paléoenvironnements. Actuellement, plusieurs orbiteurs et missions in situ explorent le passé aqueux de Mars, notamment les minéraux d’altération. Les rovers Curiosity et Perseverance ont montré des preuves de changements climats tantôt sec ou humides. Cependant, la chronologie de l’eau martienne et les conditions climatiques restent floues. Même si l’exploration robotique est à la pointe de la technologie, notre capacité à modéliser et interpréter les résultats pose encore des défis majeurs. Les conditions uniques sur Mars, tel que son climat froid, son atmosphère tenue et la nature épisodique de son activité hydrique, suggèrent que les interaction eaux roches sont régis par la vitesse des réactions plutôt que par leurs équilibres. Une approche de modélisation différente de celles utilisées sur Terre doit être développée pour s’adapter aux contraintes des données in situ. Ce travail de thèse se concentre sur le développement de nouveaux modèles, intégrant des expériences et les résultats des missions. Des modèles ont été créés pour simuler l’altération martienne, proposant plusieurs approches incluant la cinétique. Un ensemble d’outils ont été développés, comme un calculateur thermocinétique accélérant l’utilisation des modèles cinétiques, et des tests de sensibilité à grande échelle permettant d’explorer les environnements martiens possibles. Des expériences d’altération ont été développés, avec la dissolution cinétique de roches naturelles dans des conditions imitant celles de Mars. Ces études ont permis d’améliorer le modèle et de démontrer que la cinétique est le principal facteur qui régis la composition des fluides. Elles ont aussi révélé que les éléments sensibles au redox tels que le Fe et Mn étaient relativement mobiles sur Mars. Des tests de sensibilité suggèrent que la formation de carbonates dans des conditions plus oxydantes que prévu, influencée par le temps de réaction et la quantité d’eau, suggérant une formation par évaporation plutôt que par altération in situ. Cependant, des expériences d’évaporation avec les solutions d’altération ont montré la précipitation de sulfates et de chlorures mais pas de carbonates, et ceux sous aucune des conditions martiennes. Les modèles ont révélé que la cinétique de précipitation et la composition des fluides inhibaient leur formation. Cela signifie que sur Mars, la précipitation des carbonates n’est probablement pas commune et nécessiterait des conditions spécifiques, même par évaporation. De plus, les expériences et modèles ont révélé que l’évaporation et la difficulté à précipiter des carbonates sur Mars pourrait élever le pH et favoriser la formation d’oxydes, tout en créant de nouvelles divisons chimiques par l’oxydation et la cinétique de précipitation. Enfin, des modèles conceptuels sont proposés pour se comparer aux données in situ : un modèle en régime permanent, pour expliquer les observations faites dans le cratère Gale, et un modèle à l’échelle du bassin versant pour tester les hypothèses climatiques. Ce travail a révélé que l’histoire des interactions eau-roche est plus dynamique et complexe qu’on ne le pensait, en mettant en lumière l’influence des facteurs cinétiques. Il fournit de nouvelles méthodes de modélisation et des outils pour les observations futures.
Composition du jury de thèse :
- Vinciane DEBAILLE, Rapporteure, Université Libre de Bruxelles
- Emmanuel TERTRE, Rapporteur, Université de Poitiers
- Misha BYSTRICKY, Examinateur, IRAP, Université Toulouse III – Paul Sabatier
- Catherine NOIRIEL, Examinatrice, GET, Université Toulouse III – Paul Sabatier
- Pierre BECK, Examinateur, IPAG/ISTerre, Université Grenoble Alpes
- Benjamin BULTEL, Examinateur, GEOP, Université Paris-Saclay
- Sébastien FABRE, Directeur de thèse, IRAP, Université Toulouse III – Paul Sabatier
- Agnès COUSIN-PILLERI, Co-directrice de thèse, IRAP, Université Toulouse III – Paul Sabatier
Membres invités :
- Erwin DEHOUCK, Laboratoire de Géologie de Lyon Terre, Planètes, Environnement, Université Lyon 1, ENS Lyon
- Yves GODDERIS, GET, CNRS