Depuis le début de ma carrière, mes intérêts de recherche ont été assez ouverts. Après une thèse d’instrumentation sur l’utilisation des télescopes à miroir liquide en l’astronomie, j’ai poursuivi dans la continuité de ma thèse la préparation du grand télescope à miroir liquide de 6 m (Large Zenith Telescope) construit par P. Hickson dans la forêt de Maple Ridge (University of British Columbia). J’ai étudié les techniques automatiques de classification de millions d’objets mesurés avec des filtres à bandes moyennes (Résolution = 40) que promettait cet instrument géant (Post-doctorat IAP, avec V. de Lapparent, (Cabanac, et al. 2000, 2002).
Après les miroirs liquides, j’ai décidé d’approfondir ma connaissance des télescopes traditionnels et des instruments de pointe de l’astronomie contemporaine et je suis parti faire un post-doc à l’ESO à Vitacura, Chili. A l’époque, les post-doc ESO se passaient en deux temps, 2 ans de tâches de service (pour moi VLT/Paranal: observations de service et soutien aux observateurs, sur toute l’instrumentation 1ere génération FORS1/2, UVES, ISAAC, HAWK-I, FLAMES, VIMOS, NAOS-CONICA, SINFONI, VISIR) et 1 an de post-doc dans une université Chilienne (j’ai choisi la Pontificia Universidad Catolica de Chile, pour son équipe extragalactique). Cette période a été l’occasion de faire évoluer mes intérêts de recherche dans plusieurs directions en lien avec l’effervescence scientifique de l’ESO. J’ai développé la première bibliothèque haute résolution d’étoiles brillantes du ciel avec UVES (UVES Paranal Observatory Program: PI Bagnulo, Bagnulo et al. 2003). J’ai commencé à m’intéresser aux galaxies à sursaut de formation d’étoiles très jeunes (Cabanac et al. 2005), j’ai étudié les alignements du signal polarimétrique des quasars avec D. Hutsemekers (Hutsemekers et al. 2005) et enfin j’ai fortuitement découvert deux objets fort rares, le premier, un peu anecdotique en ce qui me concerne, un météore (Jenniskens et al. 2004), dont l’identification et l’analyse sur un spectre infrarouge de FORS2 ont été passionnants, et surtout une lentille gravitationnelle exceptionnelle à l’époque, un anneau d’Einstein très lointain (zlens = 0.98 et zsrc = 3.77), l’étude des protogalaxies via amplification gravitationnelle (Cabanac et al. 2005, 2008) qui m’a orienté vers l’étude des effets de lentilles forts.
Pendant ma dernière année à l’ESO, j’ai commencé à m’intéresser au sondage CFHT Legacy Survey en préparation à Hawaï. J’ai décidé de partir à Hawaï pour participer à son élaboration, en tant qu’astronome résident sur un poste du National Research Council du Canada. Mes travaux de recherche actuels sont en lien avec mes années passées à Hawaï, pendant lesquelles j’étais responsable d’une part de l’instrument Echelle SpectroPolarimetric Device for the Observation of Stars (ESPaDOnS), en charge des observations de services pour mes tâches de services et bien sur très impliqué dans le CFHT Legacy Survey que j’ai commencé à exploiter en cherchant des candidats lentilles fortes. De ce travail est issu le Strong Lensing Legacy Survey (SL2S: Cabanac et al. 2007, More et al. 2012) et l’étude des groupes de galaxies par effet de lentille (voir la bibliographie sur le SL2S et le manuscript HDR). Le SL2S a, en outre, été un projet de recherche propice pour préparer les missions spatiales à venir, notamment pour développer et tester des méthodes semi-automatiques de détection de lentilles. En lien avec les lentilles fortes, au CFHT puis en arrivant au Laboratoire d’Astrophysique de Toulouse et Tarbes (maintemant Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie), d’abord en poste rouge (2006), puis CDD CNRS (2007-2008) et finalement AA CNAP (depuis 2009), je me suis intéressé aux missions spatiales proposées pour leur potentiel de « découvreurs en série » de candidats lentilles fortes (SNAP puis DUNE puis Euclid). J’ai utilisé le temps libre que me laissait la direction du Télescope Bernard Lyot et du Pic du Midi, c’est-à-dire en réalité fort peu, pour m’impliquer dans la mission Euclid, étudiant un design optique optimal pour un télescope spatial optimisé en haute résolution et stabilité de la PSF (Thèse de Balasubramanian Singaravelu 2014).