Éruptions solaires de novembre 2025 : intense tempête de particules énergétiques

Au cours des dernières 48 heures, l’activité solaire a été exceptionnellement intense, caractérisée par la survenue de plusieurs éruptions majeures de classe X. Ces événements ont engendré d’importantes tempêtes solaires dirigées vers la Terre, provoquant un orage géomagnétique dans les nuits de mardi 11 à mercredi 12 novembre. Les Services Nationaux d’Observation de l’INSU (comprenant nos instruments sol –BCMT– et spatiaux et nos services de données MEDOC, CDPP, STORMS, ISGI), en étroite collaboration avec l’Organisation Française pour la Recherche Appliquée en Météorologie de l’Espace (OFRAME), ont assuré une surveillance continue de ces phénomènes et ont émis des alertes destinées au grand public ainsi qu’aux acteurs concernés, par le biais de leur bulletin de météorologie de l’espace.

Parmi les perturbations observées, on distingue notamment deux éruptions de classe X, dont une de magnitude X5.1, détectée le 11 novembre à 09:50UT par le télescope spectromètre pour l’imagerie des rayons X (STIX) (voir figure 1), embarqué à bord de la mission Solar Orbiter. De fortes perturbations de la région D de l’ionosphère terrestre ont été observées en temps réel par le réseau d’antennes radio basses fréquencesainsi qu’une perturbation soudaine et brève du champ géomagnétique par l’observatoire magnétique de Chambon la Forêt. Ces flares, les puissantes éjections de masse coronale (CME) et leurs ondes de choc associées, ont été aussi détectées en temps réel par les instruments de l’Observatoire Radioastronomique de Nançay, puis par le coronographe français SoHO C2. 

La tempête de particules énergétiques générée par ces évènements solaires constitue la plus intense enregistrée depuis le début du cycle solaire 25. Les particules énergétiques ont été mesurées jusqu’au sol par le réseau mondial de moniteurs à neutrons, avec une détection notable à Kerguelen et en Terre Adélie (plus fort accroissement depuis 2006).

L’arrivée à la Terre des premières CMEs associées au flare X du 10 Novembre, anticipée par la modélisation numérique du service STORMS (voir figure 1), a été marquée par des orages géomagnétiques sévères (classification NOAA de classe G3 et G4). Un SSC – Sudden Storm Commencement – de plus d’une vingtaine de nanoteslas a été détecté en temps quasi-réel dans le réseau mondial des observatoires magnétiques français du SNO du Bureau Central de Magnétisme Terrestre. Les variations magnétiques mesurées au sol ont donné lieu à de hautes valeurs des indices d’activité magnétique (aa > 570 nT; am > 500 nT; Kp = 9-; Dst < -230 nT) entre 01:30 et 04:30 UT le 12 novembre 2025(voir figure 2 et 3).

Des aurores intenses ont été observées durant la nuit jusqu’à très basse latitude. Elles pouvaient être observées jusqu’à l’Aveyron en France.

D’autres CMEs, associées à l’éruption X5.2 du 11 novembre, étaient attendues à la Terre dans l’après-midi du 12 et durant la nuit du 12 au 13 novembre. Ces CMEs ont été observées et ont induit une augmentation de l’activité géomagnétique et aurorale durant la nuit. 

Rappelons les risques liés à ces tempêtes solaires donnant lieu à une intense géoeffectivité à la surface de la Terre et aux altitudes satellitaires. Ces orages magnétiques intenses peuvent entraîner : de très fortes inductions dans les infrastructures humaines au sol tels les réseaux de fluides (réseaux électriques, pipelines, rails, etc) et des perturbations sur les signaux radios des systèmes de positionnement par satellites (p.ex. Galileo ou GPS). L’orage magnétique de la nuit du 11 novembre a entrainé des interruptions des transmission radio HF. L’augmentation des particules énergétiques accroît le risque pour les satellites (effet mécanique d’érosion, dégradation des composants et sous-systèmes satellites par les radiations, freinage atmosphérique, courants de surface endommageant les électroniques, etc) et éventuellement pour les passagers lors de vols à haute altitude.

À gauche : simulations numériques de la tempête solaire approchant la Terre le 11 novembre par le modèle HelioCast développé et opéré par le service STORMS (https://storms-service.irap.omp.eu/). À droite : suivi de la formation de la tempête solaire par l’instrument STIX sur Solar Orbiter.
Figure 2 – Le bulletin de météo de l’espace émis par l’OFRAME (https://meteo-espace.irap.omp.eu/new_bulletins) durant l’orage géomagnétique très intense de la nuit du 11 au 12 novembre.
Figure 3 – Le bulletin de météo de l’espace émis par l’OFRAME (https://meteo-espace.irap.omp.eu/new_bulletins) durant l’orage géomagnétique très intense de la nuit du 11 au 12 novembre.

Laboratoires impliqués

  • Institut de Recherche en Astrophysique et planétologie (IRAP – OMP)Tutelles : CNRS / CNES / Univiversité de Toulouse
  • Institut d’astrophysique spatiale (IAS – OSUPS)Tutelles : CNRS / Univ. Paris Saclay
  • Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble (IPAG – OSUG)Tutelles : CNRS / UGA
  • Laboratoire d’Instrumentation et de Recherche en Astrophysique (LIRA -Observatoire de Paris – PSL)Tutelles : CNRS / Obersvatoire de Paris – PSL / Sorbonne Univ / Univ Paris Cité
  • Institut de physique du globe de Paris (IPGP)Tutelles : CNRS / IPG / UNIV PARIS CITE
  • Laboratoire de physique et chimie de l’environnement et de l’Espace (LPC2E – OSUC)Tutelles : CNRS / CNES / Univ. Orléans
  • Laboratoire de physique des plasmas (LPP)Tutelles : CNRS / Ecole Polytechnique / Sorbonne Univ
  • Laboratoire Astrophysique, Instrumentation, Modélisation (AIM – OSUPS)Tutelles : CEA / CNRS / Univ Paris Cité
  • ONERA
  • Univ. de Strasbourg

Ressources complémentaires

Contacts IRAP

  • Aurélie Marchaudon, aurelie.marchaudon@irap.omp.eu
  • Alexis Rouillard, alexis.rouillard@irap.omp.eu
  • Pierre-Louis Blelly, pierre-louis.blelly@irap.omp.eu
  • Frédéric Pitout, frederic.pitout@irap.omp.eu

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