Mars : Le rover Curiosity livre de nouvelles observations de l’histoire géologique d’Aeolis Mons

Depuis bientôt dix ans, le rover Curiosity de la NASA foule le sol martien avec pour objectif d’étudier la potentielle habitabilité passée de la planète rouge. Aujourd’hui, le consortium scientifique international de cette mission d’exploration, impliquant en France notamment l’Université Claude Bernard Lyon 1, l’ENS de Lyon, le CNRS et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier (1) , livre de nouvelles observations de l’histoire géologique de Mars, grâce à son instrument franco-américain ChemCam. Les résultats sont présentés dans une série d’articles publiés dans JGR-Planets.

Photo prise par Curiosity dans la région martienne de Glen Torridon (source Les Echos)

Glen Torridon est une dépression topographique située sur la pente d’Aeolis Mons, au sein du cratère Gale, à la surface de Mars. Elle correspond à ce qui était précédemment désigné « ensemble argileux », en raison des signatures spectrales relativement fortes de minéraux argileux (principalement des smectites ferriques) détectées depuis l’orbite.

À partir de janvier 2019, le rover Curiosity a exploré Glen Torridon pendant plus de 700 sols (jours martiens). Les objectifs de cette campagne incluaient l’acquisition d’une compréhension détaillée du contexte géologique dans lequel les minéraux argileux se sont formés, et la détermination de l’intensité de l’altération aqueuse subie par les sédiments.

Les auteurs de cette série d’articles, parmi lesquels figurent Agnès Cousin, Olivier Gasnault, Olivier Forni, William Rapin, Jérémie Lasue, Pierre-Yves Meslin et Sylvestre Maurice de l’IRAP, présentent ici la géochimie des éléments majeurs du substrat rocheux analysée par l’instrument ChemCam : « Nos résultats révèlent que les deux principaux types d’expositions du substrat rocheux identifiés dans la partie inférieure de Glen Torridon sont associés à des compositions chimiques distinctes (riches en potassium et en magnésium), pour lesquelles nous sommes en mesure de proposer des interprétations minéralogiques. En outre, le membre stratigraphique le plus élevé exposé dans la région présente une empreinte diagénétique plus forte, en particulier à deux endroits proches du contact non déformable avec la formation sus-jacente de Stimson, où la composition du substrat rocheux s’écarte considérablement du reste de Glen Torridon. Dans l’ensemble, les valeurs de l’indice chimique d’altération déterminées avec ChemCam sont élevées par rapport aux normes martiennes, ce qui suggère la formation de minéraux argileux par une altération en système ouvert. Cependant, rien n’indique que l’altération était plus forte que dans certains terrains précédemment visités par Curiosity, ce qui implique que les signatures orbitales améliorées sont principalement contrôlées par des facteurs non constitutifs.« 

Notes

  1. Les laboratoires impliqués sont le Laboratoire de géologie de Lyon : Terre, planètes, environnement (LGL-TPE, Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS/ENS de Lyon), l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP, Université Toulouse Paul Sabatier/CNRS/CNES) et le Laboratoire de planétologie et géodynamique (LPG, CNRS/Université de Nantes/Université d’Angers).

Ressources complémentaires

Contacts IRAP

  • Agnès Cousin, agnes.cousin@irap.omp.eu
  • Olivier Gasnault, olivier.gasnault@irap.omp.eu
  • Olivier Forni, olivier.forni@irap.omp.eu
  • William Rapin, william.rapin@irap.omp.eu
  • Jérémie Lasue, jeremie.lasue@irap.omp.eu
  • Pierre-Yves Meslin, Pierre-Yves.Meslin@irap.omp.eu
  • Sylvestre Maurice, sylvestre.maurice@irap.omp.eu

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