Le télescope français TAROT découvre la supernova la plus brillante de l’année

Le télescope français TAROT découvre  la supernova la plus brillante de l'année

Dans la nuit du 26 au 27 octobre 2012, le télescope TAROT a observé la galaxie NGC 1365. L’inspection des images par Alain Klotz, astrophysicien à l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP) et professeur à l’Université de Toulouse, a révélé la présence d’une nouvelle étoile proche du centre de la galaxie. La présence de la nouvelle étoile fut rapidement confirmée par une image effectuée par l’astronome amateur français Emmanuel Conseil qui a utilisé le télescope SLOOH. Mickael Childress, astronome à l’Université Nationale d’Australie, a caractérisé la nature de l’étoile comme étant une supernova de type Ia et l’Union Astronomique Internationale l’a alors immatriculée officiellement 2012fr.

Photo ci-contre : Cette image prise le 10 novembre 2012 montre la supernova 2012fr exhibant une couleur bleuté très prononcée caractéristique d’une supernova de type Ia proche de son maximum d’éclat. Image A. Klotz, télescope TAROT.

La théorie qui explique le phénomène de supernova de type Ia fait appel à un couple d’étoiles dont l’une aspire le gaz de la seconde. Lorsque l’étoile qui aspire le gaz dépasse une masse critique, elle explose violemment en éjectant ses gaz a des vitesses de l’ordre de 10 000 kilomètres par seconde. A mesure que les gaz s’épandent la supernova devient de plus en plus lumineuse. Une quinzaine de jours après l’explosion, la luminosité optique de la supernova atteint généralement l’éclat de la galaxie toute entière, c’est à dire l’équivalent à environ 10 milliards de fois l’éclat du Soleil. La particularité intéressante des supernovæ de type Ia est que leur maximum d’éclat permet d’estimer les distances des galaxies lointaines de notre Univers.

 

Photos ci-dessus : Evolution de l’éclat de la supernova 2012fr. A gauche, le 24 octobre la supernova n’est pas détectable. L’image du 27 octobre montre la supernova telle qu’elle a été découverte. A droite, l’image du 12 novembre montre la supernova a son maximum d’éclat. Ces images ont été réalisées par A. Klotz avec le télescope TAROT.

La galaxie NGC 1365, dans laquelle la supernova 2012fr a explosée, montre une forme spirale caractéristique très esthétique appréciée des amateurs d’images spectaculaires du cosmos. Cette galaxie a été aussi étudiée en détail avec le télescope spatial Hubble au cours des années 90 qui a permis d’établir très précisément sa distance grâce à l’observation d’une quarantaine d’étoiles de type Céphéide. Située à 61 millions d’années lumière de nous, les Céphéides de NGC 1365 sont à la limite des possibilités du télescope spatial, ce qui constitue la limite supérieure de l’estimation des distances par la méthode des Céphéides.

La présence de la supernova 2012fr dans l’une des galaxies les plus lointaines dont la distance a été mesurée précisément avec les Céphéides va permettre d’affiner la calibration de l’échelle des distances pour la méthode des maximums d’éclat des supernovae. Cette calibration est importante pour les études de cosmologie car les supernovae permettent estimer les distances jusqu’à plusieurs milliards d’années lumières et ont été utilisées notamment pour mesurer l’accélération de l’expansion de l’Univers qui a donné lieu au prix Nobel de physique en 2011.

Le télescope TAROT, qui a permis de découvrir la supernova 2012fr, est situé dans l’observatoire européen austral (ESO) sur le site de la Silla au Chili. Un second télescope TAROT jumeau est situé en France sur le plateau du Calern au nord de Nice. Les télescopes TAROT sont robotisés et fonctionnement de façon autonome sans présence humaine pendant la nuit. Ils ont un rendement scientifique exceptionnels par rapport à leur relativement faible diamètre de 25 centimètres.

   

Photo ci-dessus : Le télescope TAROT la Silla situé sur le site de l’observatoire européen austral. A gauche de TAROT, on distingue les coupoles du télescope suisse Euler et du New Technology Telescope.

L’équipe française des astronomes qui a découvert la supernova 2012fr utilise habituellement les télescopes TAROT pour étudier d’autres explosions cosmiques, les sursauts gamma, encore plus violents que les supernovae. Lorsqu’il n’y a pas de sursaut gamma à observer, des observations de routines permettent d’étudier précisément des phénomènes astronomiques spécifiques sur plusieurs années ou bien permettent de découvrir des supernovae comme ce fut le cas pour 2012fr.

Contact IRAP : Alain Klotz, E-mail : aklotz@irap.omp.eu

Auteur : Alain Klotz

Date : 15/11/20122012/11/15

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